http://www.laprovence.com/article/spectacles/olivia-ruiz-faire-vivre-les-textes-avec-mes-mains
Olivia Ruiz : "Faire vivre les textes avec mes mains" Publié le vendredi 23 septembre 2011 à 13H09
Miss Météores ne fait pas que chanter, chez elle les mots viennent de l'intérieur.
Agréable, accessible, souriante et inspirée... Olivia Ruiz nous a reçu dans sa loge avant de monter sur la scène des Correspondances, armée de quelques mots et d'une poignée de notes.
Photo Éric Camoin
Olivia Ruiz est descendue de la Cité des Anges pour livrer au public manosquin les secrets de sa bibliothèque. De retour de concert à Los Angeles, hier, la chanteuse à la plume latine a posé des notes sur les textes incisifs de Roger Vitrac. Juste avant de monter sur scène, l'héroïne au regard de velours a pris le temps de nous décrire son âme en quelques mots.
L'Espagne
"65% de ma petite personne. Je me sens espagnole jusqu'au fond du sang. C'est en chantant dans cette langue que j'ai commencé à m'intéresser à mes origines. Je sentais dans ma voix quelque chose de brisé. C'est ce qui m'a poussé à me plonger dans l'exil de mes grands-parents, pendant la Guerre d'Espagne. Je suis allé jusqu'à demander la double nationalité. Je me sens autant latine que française.
La scène
Si tu m'avais dit la vie, je t'aurais répondu "la scène". L'endroit idéal pour faire cesser la gamberge chez les angoissés. Elle est comme une thérapie.
L'accent
C'est ma carte d'identité. Même si je voulais essayer de le gommer, je n'y arriverai pas. Pour la lecture ça a été un peu compliqué. Heureusement que je suis à Manosque, le public a presque le même accent que moi. À Paris, c'est difficile. Quand on dit un mot avec un accent fort, parfois les gens ne comprennent pas. J'essaie de l'atténuer un peu, mais c'est pas toujours facile. Puis notre accent je l'aime. Il fait pousser des montagnes et du soleil. Je suis pour le fait de cultiver les accents et les langues régionales, parce que la France est un mélange d'identités fortes.
Les échecs
Il faut qu'ils soient là pour mettre en valeur les moments où tout se passe bien.
Le langage du corps
C'est important. Je suis une ancienne danseuse et je m'y suis remis cette année pour reprendre possession de mon corps. Je ne joue jamais d'instrument sur scène car je ne peux pas m'empêcher de faire vivre mes textes avec mes mains. Si on me les coupait cela reviendrait à me couper une corde vocale.
Le travail
Une grande solitude. Se concentrer, s'isoler... Puis c'est en tournée que les joies commencent.
Un livre
Tu devrais dire 1000 livres! Mais pour n'en choisir qu'un je dirais Victor ou les enfants au pouvoir de Roger Vitrac. C'est une satire de la bourgeoisie du début du XXe siècle. C'est aussi l'histoire d'un petit garçon d'une grande cruauté. Une pièce aussi sombre que drôle. C'est vraiment ça que j'aime.
L'avenir.
Je vis au jour le jour, j'ai du mal à me projeter. Les années 2000 auront été de belles années pour moi. Et quoi qu'il arrive c'est toujours ça de pris. Du bonheur qu'on ne pourra pas m'enlever."
Tanguy COHEN